Vous êtes ici

Que font les équipements culturels métropolitains pendant leur fermeture ?

Malgré leur fermeture, les trois équipements culturels métropolitains continuent de proposer des activités et des rendez-vous au public, notamment via les plateformes numériques. Reportage. 

« On reste ouvert … Numériquement ! » Avec cette phrase, François Cholet, secrétaire général du CCC OD résume avec humour la situation à laquelle font face les équipements culturels métropolitains. Depuis quasiment un an, leurs portes sont désespérément closes. S’il y a bien eu des réouvertures possibles au mois de septembre, les lieux sont loin de faire face à l’effervescence habituelle.

Spectacles et expositions annulés ou reportés … Les programmations, prévues près d’un an à l’avance, ont eu de plomb dans l’aile. Et pourtant, malgré l’absence du public, les équipes sont plus que jamais sur le pied de guerre. Obligées de se réinventer, elles ont fait preuve d’audace et d’initiative pour continuer leur mission de service public.

Des présentations d’œuvre en petit comité

Depuis le 15 décembre, le CCC OD propose par exemple avec « Une œuvre à partager », des visites numériques du mercredi au samedi. Simple mais imparable : un médiateur présente une œuvre d’une exposition actuelle via l’application de visioconférence Zoom à un petit groupe de personnes pour favoriser l’interaction (jusqu’à huit en simultanée), avant un petit temps d’échange. Un vrai succès ! Certains participants viennent même de loin : Paris, Marseille, Nantes ou Poitiers.

Photo Alexandre Yagoubi

Sur le même principe, des ateliers ont également été lancés à destination des enfants. Avec, à la fin, un moment créatif entre tous les participants. « Nous sommes très surpris par l’imaginaire des enfants, souligne Médéric, service civique en charge d’animer cet atelier. Les enfants sont vraiment motivés. » « Les ateliers se déroulent en direct, nous ne voulions pas de vidéo enregistrées, abonde François Cholet. On privilégie l’interaction avec le public. On sent une vraie dynamique de groupe, ça se rapproche vraiment de ce que l’on peut faire en présentiel. » Ces moments de partage « remotivent les équipes. On arrive à garder la dynamique », ajoute Médéric.

Des concerts diffusés sur Facebook

Développer sa présence et son offre numérique. Voici la décision également prise par le Temps Machine et le théâtre Olympia durant ces longs mois de fermeture. La scène de musiques actuelles située à Joué-lès-Tours s’est par exemple rapprochée de l’Astrolabe, à Orléans, pour proposer « Les Eclipses sonores », une série de huit concerts captés en vidéo (quatre dans chaque salle, dont un à destination du jeune public) et diffusés sur les pages Facebook des deux lieux. « L’idée est d’avoir un rendu esthétiquement sympa, explique Odran Trumel, directeur du Temps Machine.  On a soigné la lumière et l’ambiance avec notamment un concert organisé sur notre toit. »

Photo Alexandre Yagoubi

Parallèlement, l’accueil d’artistes en résidence s’est accentué. Entre septembre et décembre, une quinzaine de groupe sont venus travailler et répéter leur prochain spectacle en résidence. « Ça leur permet d’exister. » Jamais aussi nombreuses, ces résidences ont permis aux musiciens d’être rémunérés en 2020. « Nous espérons pouvoir le faire aussi en 2021 », ajoute Odran Trumel. Elles ont également donné lieu à la création d’une série de podcasts, réalisés par une artiste locale.

Et pour que la musique continue à vivre en « live » malgré les nombreuses annulations (sur 60 de prévus, seuls 6 concerts ont pu se tenir depuis mars), le Temps Machine a lancé, mi-janvier, Allô Temps Machine, des concerts à domicile pour 10€. « L’idée est de faire travailler des musiciens locaux en les faisant se produire directement chez les gens. Le protocole est strict : pas plus de six personnes par concert, artistes compris, avance Odran Trumel. Des moments musicaux essentiels et ressourçant car « en ce moment, notre activité préférée c’est reporter et annuler », plaisante le directeur du Temps Machine, en précisant bien que les interventions en milieu scolaire et via « T’es conf ou quoi ? » , sur Zoom, se poursuivent pour le grand public.

Repenser les initiatives

Même son de cloche au Théâtre Olympia, qui poursuit également ses ateliers à destination des scolaires. Ce rôle d’acteur public a été pleinement joué par le théâtre. « Nous avons une responsabilité vis à vis des équipes artistiques et des intermittents, et un devoir de solidarité vis à vis de ceux qui sont les plus fragilisés. Nous avons honoré les contrats de tous ceux qui devaient se produire chez nous, et nous continuerons à tenir nos engagements » indique Jacques Vincey, directeur du théâtre. Comme au Temps Machine, des résidences ont également permis à six troupes de répéter leurs prochaines créations. « Nous leur avons proposé un espace, du temps, et des moyens financiers. Mais nous devons aujourd’hui réfléchir ensemble à des résidences de recherche et d’approfondissement de leur travail  sans qu’elles aboutissent nécessairement à une création. »

Photo Marie Pétry

Car c’est bien là l’un des seuls points positifs de la fermeture des équipements culturels métropolitains : disposer d’un peu de temps pour réfléchir et mettre en place des initiatives qui n’auraient sans doute pas vue le jour. C’est le cas notamment de la communication numérique « totalement repensée », explique Claire Tarou, responsable de la Communication et des relations avec les publics au théâtre Olympia. « On a « profité » de l’arrêt de la programmation pour toucher des gens qui ne s’intéresse pas forcément au théâtre et leur donner envie de venir quand nous pourrons rouvrir. » Durant le premier confinement, le théâtre a notamment nourri ses plateformes avec du contenu vidéo et audio. Autre initiative très appréciée, la mise en place de 350 lectures au téléphone par des comédiens. « Au-delà de la proposition artistique, le rapport humain a été très important », estime Jacques Vincey.

Un constat partagé par tous. « Si on nous dit de rouvrir demain, on est prêt », s’impatiente d’ailleurs François Cholet !

Partager

Imprimer cette page Envoyer cette page par mail Partager cette page sur Facebook - Nouvelle fenêtre Partager cette page sur Twitter - Nouvelle fenêtre Partager cette page sur LinkedIn - Nouvelle fenêtre